Neuf représentantes et représentants des ailes jeunesse et jeunes chambres de commerce du Québec en région unissent leurs voix pour mettre en lumière les conséquences désastreuses d’un manque persistant de logements abordables et de garderies accessibles. Ce manque d’infrastructures de proximité met en péril le développement économique du Québec et de ses régions.
Le Québec a besoin d’au moins 100 000 nouvelles unités de logement selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) 1et plus de 800 000 unités d’ici 2030 selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL2) pour rattraper son déficit structurel. Parallèlement, 35 000 enfants sont toujours en attente d’une place en garderie3. Enfin, l’abordabilité des logements est à son pire niveau depuis trois décennies.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, c’est un double défi pour permettre aux jeunes de nos régions d’y vivre convenablement sans avoir à partir. C’est un frein pour accueillir de nouveaux talents et leurs familles mais aussi pour se démarquer comme région et attirer des investissements en faveur de nos territoires.
L’attractivité économique des régions passe par un accès abordable au logement
Sur la Côte-Nord, dans Manicouagan, on fait le triste constat qu’il n’y a pas assez de nouveaux logements construits. Même son de cloche à Rivière-du-Loup dans le Bas-Saint-Laurent où les taux d’intérêt élevés rendent difficile l’accès à la propriété. En Abitibi-Témiscamingue, Val d’Or met l’accent sur le manque de logement qui freine la capacité d’accueil de la main-d’œuvre et par conséquent, sa productivité et sa croissance. Selon les données publiées par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le taux d’inoccupation est passé de 2,5 en 2021 à 1,7 en 2022. Multipliée à la hausse des prix des matériaux, la situation demeure critique et des incitatifs sont nécessaires pour encourager la construction de logements.
Le manque de garderie a des conséquences directes sur le développement des entreprises
De Rouyn-Noranda à Baie-Comeau, de Trois-Rivières à Victoriaville, on constate que les délais de retour au travail, après un congé parental, s’allongent. La majorité des jeunes parents ne trouvent pas de services de garde dans leurs régions. En Mauricie, la profession d’éducatrice est l’un des emplois cités parmi les plus en besoin. Cette situation a un impact significatif sur la productivité des entreprises et sur la conciliation travail-famille des parents sur le marché du travail. Le RJCCQ a publié en février un livre blanc 4dans lequel il recommande de miser davantage sur la formation de personnel en garderie, au-delà de la création de nouvelles places.
Les jeunes générations aspirent à de nouvelles perspectives
42% des jeunes urbains envisageraient quitter la ville pour aller habiter en région si leur milieu de travail autorisait le télétravail en tout temps, selon le sondage Travaillons ensemble réalisé par Léger pour le RJCCQ. Nos régions risquent de se priver de l’arrivée de ces talents et de leur potentiel si nous n’avons pas de services de proximité à leur offrir.
Comment convaincre des entreprises de venir s’installer dans nos régions si nous ne sommes pas capables de loger leur personnel ? Comment assurer la rétention de nos talents et le développement de leurs projets d’entreprises en régions ? Comment encourager la mobilité interrégionale et soutenir la conciliation famille-travail ?
En région, plus qu’ailleurs, tous les enjeux sont interreliés. Les entreprises se doivent d’être productives, et en raison du manque de garderies, qui s’ajoute aux défis de main-d’œuvre déjà bien présents, plusieurs sont freinées dans leur croissance. De plus, avec la hausse des coûts de construction, la crise du logement constitue une menace significative pour la possibilité de se loger dignement mais aussi pour permettre l’accès à la propriété des générations futures.
Il est essentiel d’adopter une approche coordonnée de la politique du logement et de la mise en places de garderie pour bâtir de lieux de vie propice à un développement économique harmonieux. Encourager la création de garderies intégrées au sein des entreprises via des subventions devrait être une priorité afin d’enrayer le problème.
Avec le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), nous souhaitons appuyer les démarches locales de nos municipalités et décideurs publics. Nous pouvons leur donner le pouls et les idées de solution des jeunes gens d’affaires qui entreprennent, travaillent et vivent dans nos régions.