Huit représentantes et représentants des jeunes chambres de commerce et des ailes jeunesse des régions s’unissent au RJCCQ pour sonner l’alarme: le déficit de logements abordables et les nouvelles restrictions au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) mettent en péril le développement économique régional.
La flambée des loyers en région freine la croissance économique et compromet l’émergence d’une relève d’affaires dynamique. Selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), les loyers ont grimpé de près de 44% à Sherbrooke et jusqu’à 50% à Trois-Rivières et Rimouski entre 2020 et 2024. Alors que le gouvernement canadien préconise de consacrer au plus 35% de son revenu brut au logement, de nombreux ménages en région y dépensent jusqu’à 60%, compromettant leur capacité à vivre dignement.
À l’échelle canadienne, c’est en moyenne 384$ par mois qui sont ajoutés aux dépenses de logement des ménages, une somme considérable pour les citoyens. Au-delà de l’impact financier qui est plus élevé pour les jeunes, cette crise des coûts locatifs exerce un effet domino sur l’attractivité et la capacité à maintenir les talents en région.
Restrictions au PTET
Avec cet enjeu de l’accessibilité du logement, la réduction des niveaux d’immigration permanente et les nouvelles restrictions du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) risquent d’aggraver considérablement la pénurie de main-d’œuvre en région.
Selon l’Institut du Québec, cette crise continue de frapper durement des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent, la Mauricie, l’Estrie, Chaudière-Appalaches, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec. Cette situation aggrave les défis des entreprises en croissance, qui doivent traverser la «vallée de la mort», cette phase critique, où l’accès à la rentabilité devient une question de survie, compromet gravement la capacité de nos jeunes pousses à poursuivre leurs activités et menace leur avenir même.
Nous nous inquiétons vivement de ces décisions qui risquent de déclencher une «guerre des salaires», obligeant les PME à augmenter drastiquement leur rémunération pour rester compétitives, une pression souvent insoutenable. La récente hausse de 20% du seuil requis pour être considéré comme un emploi à haut salaire ne fait qu’aggraver cette situation, mettant davantage de pression sur nos entreprises, déjà fragilisées par la pénurie de main-d’œuvre et le ralentissement économique.
Solutions globales
En région, les enjeux économiques sont interdépendants et nécessitent des solutions globales.
Les ajustements au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) ne doivent pas être envisagés isolément: ils nécessitent une réflexion concertée avec tous les acteurs socioéconomiques et politiques pour mieux répondre aux besoins réels des employeurs et atténuer efficacement la pénurie de main-d’œuvre. Les dernières restrictions créent une incertitude supplémentaire qui impacte négativement nos entreprises, qui ont plus que jamais besoin de prévisibilité pour croître.
De même, l’approche au logement ne peut plus se limiter à des mesures qui stimulent la demande, comme l’amortissement des prêts hypothécaires sur 30 ans. Il est urgent de mettre en place une véritable politique de l’offre.
Parmi les actions prioritaires, la transformation de certains locaux commerciaux vacants en logements résidentiels, appuyée par des incitatifs financiers ainsi que des politiques à l’image de ce qui a été développé en Ontario, le dézonage ou encore les allègements réglementaires apparaissent comme une solution prometteuse pour accélérer les mises en chantier et rétablir un marché en fort déséquilibre. Il en va de l’avenir du dynamisme économique de nos régions.
Signataires membres du comité Régions
Catherine Lessard, directrice générale de la jeune chambre de la Mauricie
Audrey Robitaille, directrice générale de la jeune chambre de Victoriaville
Alice-Marie Hamelin, présidente du Comité Relève en affaires de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda
Marie-Christine Lavoie, directrice générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie Nouvelle-Beauce
Alyssa Dallaire, coordonnatrice du comité Jeunesse, Chambre de commerce de Val-d’Or
David Normand, président de la jeune chambre de commerce de Manicouagan
Stéfan Tardif, président de la jeune chambre de commerce de Rivière-du-Loup
Annick Lachance-Gravel, vice-présidente de l’Aile jeunesse Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord
Pierre Graff, président-directeur général du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ)