L’imposition de tarifs à l’importation sur les produits et services canadiens ainsi que le resserrement des critères de contenu américain qu’on appelle le « Buy America » représentent ce que les entreprises québécoises redoutent le plus de la nouvelle présidence de Donald Trump. Force est de constater que leurs craintes se concrétisent, alors que le président élu a annoncé vouloir imposer des tarifs douaniers de 25 % dès son entrée en poste.
C’est ce qui ressort de deux sondages menés par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) auprès de ses membres depuis les élections américaines. Plusieurs chambres de commerce ont d’ailleurs participé aux sondages de l’Observatoire FCCQ.
« Le président élu est en train d’activer le levier que redoutent le plus les entreprises québécoises, soit les tarifs à l’importation. Cette annonce préoccupe nos membres et crée un sentiment d’incertitude important. Concrètement, cela pourrait amener nos entreprises à investir aux États-Unis, au détriment du Québec et du Canada, pour maintenir leur accès au marché », mentionne Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
« L’imposition de tarifs douaniers mènerait à une diminution des exportations québécoises, sachant que 75 % sont destinées aux États-Unis. On s’attend que nos deux ordres de gouvernement soient proactifs, notamment le gouvernement fédéral afin qu’il mette en place les mesures nécessaires en place afin d’éviter une guerre de tarifs qui ultimement nuit à la compétitivité de l’économie nord-américaine », a ajouté Valérie Gourde, présidente de la Chambre de commerce de Val-d’Or.
Incertitude, instabilité, inflation et impacts sur les entreprises d’ici
Parmi les impacts d’une administration Trump les plus attendus par les entreprises d’ici, on retrouve l’incertitude et l’instabilité économique défavorable aux entreprises québécoises (48 %), ainsi que la montée de l’inflation et des mesures protectionnistes américaines (38 %).
Voici quelques faits saillants des sondages effectués en marge de l’élection de Donald Trump :
- Près de 60 % des entreprises soutiennent qu’elles sont susceptibles d’être affectées négativement par les politiques de la seconde administration Trump.
- Les impacts économiques et commerciaux les plus redoutés des entreprises québécoises :
- 58 % : imposition des tarifs à l’importation sur les produits et services canadiens
- 41 % : Resserrement des critères de contenu américain dans le cadre de contrats publics
- 29 % : Négociations en vue de la révision de l’ACÉUM en 2026
- 29 % : Détérioration des relations entre les États-Unis et la Chine, ainsi que les répercussions sur les chaînes d’approvisionnement canadiennes
- 29 % : Intensification des conflits concernant le bois d’oeuvre et la gestion de l’offre
- 19 % : Fluctuation importante du taux de change CAD-USD
- 17 % : exode des investissements vers les États-Unis
- 58 % des entreprises ne savent pas ou ne croient pas être suffisamment outillées pour faire face aux turbulences économiques que pourraient générer les politiques de Trump.
- Environ 45 % des répondants estiment que l’ACÉUM est assez important ou très important pour leur entreprise, et qu’une révision défavorable au Canada affecterait ou mettrait en péril leurs activités
- 45 % des participants souhaitent une défense plus active des intérêts commerciaux du Québec auprès des instances fédérales canadiennes chargées des négociations commerciales avec les États-Unis.
- Les mesures à prioriser selon les entreprises pour limiter les impacts :
- 39 % : Allégement du fardeau fiscal des entreprises;
- 33 % : Accroissement de critères de contenu canadien/québécois pour l’accès aux incitatifs fiscaux et programmes de financement gouvernementaux;
- 33 % : Bonification de l’appui aux investissements en R&D;
- 29 % : Appui à la diversification des marchés d’exportation à l’extérieur des États-Unis.
Une guerre de tarifs doit absolument être évitée
Alors que les chaînes d’approvisionnement du Québec et du Canada sont intimement liées à celles des États-Unis, les impacts de ces tarifs pourraient faire très mal à l’économie québécoise et même à l’économie nord-américaine. Des PME américaines autant que des grandes entreprises au sud de la frontière feraient les frais d’une telle mesure protectionniste, car elles bénéficient de nos produits québécois de qualité à des tarifs compétitifs. C’est le cas entre autres pour l’aluminium, l’aérospatial, nos produits du bois, pour ne nommer que ceux-ci.
« L’imposition de tarifs douaniers mènerait à une diminution des exportations québécoises, sachant que 75 % sont destinées aux États-Unis. On s’attend que nos deux ordres de gouvernement soient proactifs, notamment le gouvernement fédéral afin qu’il mette en place les mesures nécessaires en place afin d’éviter une guerre de tarifs qui ultimement nuit à la compétitivité de l’économie nord-américaine », conclut Véronique Proulx.