Alors qu’on fait état du manque criant de travailleuses et travailleurs sur le territoire de la Vallée-de-l’Or, le gouvernement du Québec annonce la fermeture de nombreuses classes de francisation, y compris celle du Centre de services scolaire de l’Or-et-des-Bois, faute de financement. La Chambre de commerce de Val-d’Or (CCVD) s’inquiète de l’impact important de cette décision sur les entreprises et les personnes immigrantes, mais aussi sur l’essor socioéconomique de son territoire.
Un bris de service en francisation
La CCVD questionne la réelle volonté du gouvernement de prioriser l’apprentissage du français des personnes immigrantes. D’un côté, Québec resserre de façon importante les règles entourant la francisation, mais de l’autre, annonce des coupures dans les services. Rappelons qu’à Val-d’Or, il n’existe pas d’alternative en termes de classe de francisation, alors que le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) n’offre pas de service en région.
« À l’instar des préoccupations du ministre de l’Éducation, nous savons que l’enjeu de la francisation est une préoccupation palpable pour la communauté d’affaires de Val-d’Or. Nos entreprises emploient un grand nombre de travailleuses et travailleurs issus de l’immigration. Ce sont des personnes qui, après des mois de démarches et d’investissement financier, sont arrivées sur notre territoire, qui sont intégrées dans leur milieu de travail et qui désirent s’enraciner. Aujourd’hui, nous apprenons que ces personnes n’auront plus accès à des cours de francisation, alors qu’il s’agit d’une obligation pour demeurer sur le territoire. Cela sans parler des délais d’attente qui s’allongent, le nouveau portail gouvernemental Francisation Québec n’arrivant pas à répondre à l’important volume de demandes soumises. Devant cette pression exercée sur les employeurs, les personnes immigrantes ainsi que sur le milieu d’accueil, nous demandons que les ministres à vocation économique, sociale et régionale se concertent afin de mettre en place des conditions gagnantes pour soutenir notre économie régionale » affirme Valérie Gourde, présidente de la Chambre de commerce de Val-d’Or.
Enjeu important en région
Cette annonce s’ajoute à celles des dernières semaines et des derniers mois, notamment le projet de loi 74, qui mettent un frein à l’immigration au Québec, mais aussi par le fait même à notre développement régional. Alors que la CCVD travaille depuis de nombreuses années pour palier de toutes les façons possibles à la pénurie de main-d’œuvre que connait sévèrement l’Abitibi-Témiscamingue, nous craignons que cela annonce également le départ précipité de personnes issues de l’immigration vers les grands centres, n’ayant pas en région accès aux services de francisation exigée par l’état.
« En plus de nuire à notre attractivité, ce bris de services va affecter directement la croissance, la productivité et la compétitivité de nos entreprises. Nous clamons que nous sommes une région d’opportunités, nous travaillons avec ardeur à attirer des travailleuses et travailleurs, mais aussi des familles ici, il nous parait essentiel de pouvoir à tout le moins leur offrir des services pour répondre à nos propres obligations en francisation. Par des décisions comme celle-ci, nous nous questionnons sur l’importance accordée par le gouvernement du Québec au développement régional et à la vitalité de l’Abitibi-Témiscamingue» a ajouté Valérie Gourde.